Baptême du Seigneur
Abbé Jean Compazieu | 2 janvier 2022« Toi, tu es mon Fils bien-aimé »
Homélie
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Depuis Noël, nous allons de révélation en révélation. La nuit de Noël, c’était la bonne nouvelle annoncée aux bergers ; à travers eux, elle était adressée aux petits, aux pauvres, aux exclus. Dimanche dernier, c’était la fête de l’Épiphanie ; cette fête, c’est celle de la bonne nouvelle annoncée aux mages et, à travers eux, à toutes les nations, à tous ceux qui ne connaissent pas Dieu. Son amour est offert à tous.
Et aujourd’hui, c’est une autre manifestation du Seigneur que nous célébrons : l’Évangile nous parle de la prédication de Jean Baptiste ; il annonce la venue de Celui qui apporte de salut au monde. Cette bonne nouvelle était déjà annoncée par le prophète Isaïe (1ère lecture) : « Consolez, consolez mon peuple… parlez au cœur de Jérusalem…. Voici le Seigneur Dieu ! Il vient avec puissance…. » Mais cette puissance n’est pas celle qu’on croit ; il ne vient pas pour venger ni pour punir. Cette puissance c’est celle de l’infinie tendresse de Dieu qui pardonne. Le Seigneur est là pour réconforter son peuple. Son amour est offert à tous sans exception : “Là où le péché a abondé, l’amour a surabondé.” (Lettre de saint Paul aux Romains). C’est quand le Seigneur vient à nous que nous retrouvons la vraie joie.
Dans l’Évangile, nous retrouvons Jean Baptiste qui annonce la venue de Celui qui apporte la “consolation au monde”. Il arrive au Jourdain pour inviter les gens à se convertir. Les prêtres et les lévites Hébreux cherchent à savoir qui il est. Non il n’est pas le Messie, ni Élie ni le prophète semblable à Moïse annoncé par le Deutéronome. Il affirme simplement être la voix qui crie à travers le désert : “Préparez les chemins du Seigneur”. Dans son discours, il parle de ravins à combler, de collines à abaisser. Il s’agit de combler les graves manquements à la loi de Dieu et de rabaisser les prétentions orgueilleuses et la rébellion. C’est ainsi que Jean Baptiste exhorte le peuple à se convertir et à recevoir un baptême pour exprimer son désir d’être purifié.
Or voilà que Jésus arrive et se fait baptiser. Pourtant, lui, le Fils éternel du Père, n’a pas de péché à se faire pardonner. Il est totalement pur. Un Dieu qui demande à se faire baptiser à la suite des hommes qui confessent leurs péchés, on n’a jamais vu ça. Alors pourquoi demande-t-il un baptême de conversion ? La réponse, nous la trouvons tout au long des évangiles : ce baptême est une manifestation de sa mission. Jésus, l’envoyé du Père, rejoint le monde pécheur pour lui montrer que Dieu ne l’abandonne pas. Il entre dans les eaux du Jourdain, pur de tout péché. Il en ressort, porteur de tous les péchés du monde. Ces péchés, il les prend sur lui car il veut nous en libérer.
C’est important pour nous aujourd’hui. Notre vie est souvent polluée par la colère, l’égoïsme, la rancœur. Tout cela, nous devons le donner au Seigneur. Il veut nous en libérer car cela nous empêche de vivre. Alors, n’hésitons pas à déposer à ses pieds tout ce qui va mal dans notre vie. Avec la venue de Jésus, c’est la promesse d’Isaïe qui se réalise : Dieu rejoint son peuple accablé par le malheur. Il vient le consoler, lui dire son amour passionné. Tout au long des évangiles, nous le découvrons comme “Lumière des nations. Il est celui qui ouvre les yeux des aveugles et libère les captifs.
C’est ce Sauveur que la voix du Père révèle à son peuple en ce jour : “Tu es mon Fils bien aimé”. Ce qui est merveilleux, c’est que cette parole est aussi pour nous : nous sommes tous les enfants bien-aimés du Père. Son Salut est offert à tous malgré nos peurs et nos fautes. Son règne de Lumière s’étend au monde entier. Rien ni personne ne peut arrêter la Parole de Dieu ni l’empêcher de produire du fruit. C’est comme un feu qui ne demande qu’à se répandre dans tout l’univers. Ce feu, c’est l’amour passionné de Dieu.
Ce titre de “Sauveur”, accolé à celui de Jésus, revient de façon appuyée dans la lettre de Saint Paul à Tite. Il s’agit du “salut de tous les hommes”. Le baptême de Jean Baptiste était une annonce du baptême chrétien. Ce dernier n’est plus un geste de pénitence mais une immersion totale dans l’amour de Dieu. Il nous renouvelle dans l’Esprit Saint. Désormais, plus rien ne peut être comme avant. Ce passage était beaucoup plus marqué pour les premiers chrétiens qui venaient du monde païen. Avec Jésus c’est une vie nouvelle qui commençait pour eux.
Ces trois manifestations du Christ aux pauvres, aux étrangers (les mages) et aux pécheurs nous invitent à changer notre regard sur eux. Les Évangiles nous disent que Jésus est venu pour tous. La conséquence logique c’est que nous ne devons pas mépriser les petits, les pauvres, ni les étrangers ni ceux qui ont un passé lourd. Ils sont tous appelés à Jésus. Il tient à eux comme à son bien le plus précieux. Que l’Esprit Saint nous donne de reconnaître en Jésus de Nazareth Celui qui a les paroles de la Vie Éternelle et qui nous sauve. Plus que jamais, nous le prions : “Tu es notre Dieu et nous sommes ton peuple, Ouvre-nous le chemin de la vie.”
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Le baptême de Jésus est l’un des rares épisodes qui soit évoqué dans chacun des quatre Évangiles. C’est dire l’importance donnée à cet événement : l’identité de Jésus est clairement révélée dès le début de son ministère. Jean-Baptiste annonce au peuple d’Israël la venue d’un grand personnage. Et à cette occasion, Il s’efface et s’abaisse d’emblée dans la position la plus humble face au Messie : « Moi, je vous baptise avec de l’eau ; mais il vient, celui qui est plus fort que moi. Je ne suis pas digne de dénouer la courroie de ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. » (Lc 3:16) Cette identité divine est affirmée par Dieu le Père : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. » (Lc 3:22) Cette voix se fait encore entendre dans l’épisode de la Transfiguration pour souligner la mission du Christ Rédempteur : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! » (Mc 9:7 ; Lc 9:35 ; Mt 17:5)
La prédication de Jean-Baptiste avait suscité un formidable élan de conversion en Israël. Tous ceux qui se décidaient à changer de vie venaient se plonger dans l’eau du Jourdain en signe de renouveau intérieur. Jésus n’a évidemment pas besoin de se détourner du péché, et pourtant Il se soumet à ce rite. Par cette manifestation, Jésus veut se fondre dans l’humanité pour lui montrer le chemin à emprunter pour aller à Dieu. Il vient nous rejoindre là où nous sommes. Baptisés « au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit » (Mt 28:19), nous faisons partie de l’assemblée de ceux qui mettent leurs pas dans ceux de Jésus. Nous nous engageons à suivre et surtout à pratiquer son enseignement. Une démarche évidemment personnelle ! À l’heure où la laïcité est souvent comprise comme une exclusion des religions hors de la place publique, témoigner de sa foi n’est pas chose facile. Jésus nous avertit : « Voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. » (Lc 10:3) On est souvent reçu avec scepticisme, voire même de rejet. Se montrer chrétien requiert une conviction solide et un engagement total envers Dieu. Saint Paul nous exhorte : « Mène le bon combat, celui de la foi, empare-toi de la vie éternelle ! C’est à elle que tu as été appelé, c’est pour elle que tu as prononcé ta belle profession de foi devant de nombreux témoins. » (1 Timothée 6:12)
« C’est à Antioche que, pour la première fois, les disciples reçurent le nom de ‘chrétiens’ » (Actes 11:26) car leur comportement et discours reflétaient ceux du Christ. Vivre en chrétien, c’est vivre sa foi au quotidien. Mais de nos jours, le qualificatif ‘chrétien’ a perdu beaucoup de sa signification. Il est souvent utilisé pour désigner l’appartenance à la religion chrétienne, au lieu de désigner un vrai disciple de Jésus ! Pour beaucoup, être chrétien se résume à une série d’obligations et de contraintes. La foi, pour eux, n’est qu’une chaîne qui les lie, un joug qui les pèse. Pour cette raison qu’ils sont nombreux, dans le monde d’aujourd’hui, à abandonner toute pratique religieuse. Bien d’autres se considèrent comme chrétiens tout simplement parce qu’ils vont à la messe ! Franchement, c’est quoi être chrétien aujourd’hui ? Une question apparemment banale, mais une réponse sincère et convaincante révèle clairement l’empreinte de notre foi. Ce n’est pas l’appartenance à l’Église qui fait de nous un chrétien. C’est l’attachement à la personne du Christ et notre ferme engagement dans la voie tracée par Lui qui fait de nous son vrai disciple. Vivre en baptisés, c’est nous laisser transformer par l’Amour de Dieu et transmettre ce don reçu à tous ceux qui nous entourent. Être chrétien, c’est donc vivre en harmonie avec Dieu et avec nos prochains. « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. » (Jn 13:34-35)
À notre baptême, nous avons été plongés dans l’Amour de Dieu, les cieux nous sont ouverts. Dieu nous adresse la même Parole que celle prononcée à l’égard de Jésus : « Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie. » (Lc 3:22) La grâce baptismale reçue doit être entretenue et renouvelée par les fréquentes rencontres avec la communauté de foi, par la prière et la méditation de la Parole de Dieu. Souvent, nous devons nous poser quelques questions essentielles : ‘Comment je vis aujourd’hui mon baptême ? En enfant de Dieu ou uniquement par obligation ? Ai-je l’ardeur de témoigner aux yeux du monde ma conviction dans ma façon de vivre les valeurs chrétiennes ? Où en suis-je en ce moment ?’
« Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. » (Mt 28:19-20) En suivant l’instruction de Jésus, les apôtres ont répandu la Bonne Nouvelle au monde entier. Jésus nous invite également aujourd’hui à répandre ses Paroles autour de nous. En communion avec l’assemblée des chrétiens à chaque Eucharistie, renouvelons notre attachement à Dieu. Demandons Lui de fortifier notre foi et d’éclairer notre chemin.
Nguyễn Thế Cường Jacques